NOTES DE MISE EN SCENE :

Dans « le casting », les deux protagonistes seront toujours à la limite, à la frontière, le mot anglais border line convient mieux. Cette situation très simple, la rencontre d'un homme et d'une femme ex-amants au cours d'une audition, provoque une bataille sans concession.

Les personnages sont sur un fil. Le travail avec les musiciens aura pour but d'atteindre les instants de vérité de la vie qui se déroule.

Comme souvent quand la femme et l'homme s'affrontent, c'est l'impasse. Arrive alors la chanson, quand les mots ne suffisent plus, ultime argument, refuge ou violent coup de poing. Il y a des blessures et des désirs inaccessibles qui ne se racontent qu'en musique. Je crois à la dernière phrase de Berlioz dans ses mémoires « Si l'amour ne peut pas donner une idée de la musique, la musique, elle peut donner une idée de l'amour ». Cette femme et cet homme, noyés dans leur océan de passions, en sont la preuve, mais ils ne le savent pas.

Dans cette chambre nue, seul un piano se dresse. Le piano est le coeur, l'oeil, l'arc, la flèche et la cible. Le spectacle raconte aussi une autre bataille, celle de la création. Deux chanteurs auteurs compositeurs au travail sont en train d'inventer une histoire. Et où peuvent-ils puiser sinon en eux mêmes ? C'est le risque ultime et pourtant c'est le quotidien de tout artiste.
Maurice Durozier