L'HISTOIRE :

Face à face deux claviers : un piano de concert et un piano électrique, deux univers, deux sensibilités, deux esthétiques, deux humours,
deux languages, deux techniques.

Elle, elle répète son prochain concert. Elle est blanche.
Toute la virtuosité, " elle joue du piano très tard ",
" apprend par coeur ses partoches "
" ne pense qu'à son piano à queue, et répète sans fin ses cadences ".

Lui est noir. Il compose les chansons de son prochain album.
C'est un mec sentimental, " alone et sans amour " comme tout les chanteurs, un " french lover, auteur-compositeur-interprète ",
" un voleur de notes ".

Quand elle paufine les notes de son concerto,
il se balance dans son hamac en claquant des doigts
des rythmes de tango, de blues ou de rock.
Elle est blanche, comme une poupée à musique,
lui est noir comme un pianiste de bar
qui se couche tôt et se lève tard.

Blanc et noir mais aussi rouge,
rouge comme les ballons rouges des kermesses
de nos souvenirs d'enfants, rouge comme la liberté de Pablo Néruda, comme le nez du clown éclatant de rire,
rouge comme les passions, les colères, les révoltes,
rouge comme toutes les émotions que la musique est capable
d'exprimer au delà des clivages, des genres et des cultures.

Chacun tourne sur son carroussel
comme les barillets d'un revolver parfaitement huilés,
chacun dans son monde jusqu'à ce qu'un grain de sable
bloque les rouages.

Les pianos s'immobilisent face à face : c'est le temps de la rencontre, de la rencontre entre un homme et une femme.

Mireille Laroche.